Mais qu’est-ce qu’un délire ?

Dandelion
14 min readFeb 6, 2021

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Une question qui a l’air simple… du coup ça ne sera absolument pas une surprise si je vous dis que ce n’est pas si simple que ça.

En fait, on me la pose souvent sur Twitter, et j’ai toujours du mal à répondre. Parce que j’ai l’impression qu’on attend une réponse courte, alors que c’est une question bien plus complexe que ça. Du coup, un article, ça semble la bonne chose à faire ! (pour une fois assumons ne pas être synthétique du tout) Et pour y répondre, j’ai envie de partir de ce tweet, parce qu’il a le mérite d’englober plein plein de choses, ce qui vous permet d’ores et déjà de toucher la complexité de la chose.

Image d’un tweet de @Atermis_teParle dont le texte dit : J’ai une question très vaste et complexe mais : C’est quoi un délire Qu’est ce qui est considéré comme un délire ? Est ce que les hallus ça en est ? Est ce que les voix ça en est ? Est ce que la multiplicité ça en est ? Est ce que c’est + tout ce qui relève de la paranoïa ?

Pourquoi c’est si compliqué ? parce que y a plein de paramètres à prendre en compte… et parce qu’une chose peut en être plusieurs à la fois. Tentons de démêler tout ça, en posant pour base qu’un délire est un ensemble de croyances déconnectées et/ou déconnectantes de la réalité que l’individu peut difficilement me prouver, mais que le monde extérieur de son côté peut difficilement infirmer. Ces croyances peuvent être renforcées par des hallucinations, des signes/indices/preuves qu’on trouve dans le monde extérieur. Voyons maintenant comment tout ça fonctionne.

D’un point de vue social

Le saviez-vous, les délires sont dépendants des époques et des cultures dans lesquels les individus vivent ? On ne délire pas pareil à toutes les époques et à tous les endroits du monde. Si vous comprenez l’anglais, je vous recommande d’ailleurs le podcast A history of delusion qui reprend différents types de délire, en interrogeant notamment des personnes délirantes, et les remet dans le contexte qui les a vu émerger.

C’est d’ailleurs incroyable le nombre de personnes ces derniers mois qui délirent de l’apocalypse et de la fin du monde. Vraiment, très très surprenant. (non)

Le monde extérieur a donc un impact non négligeable sur les types de délires qui émergent, mais c’est pas vraiment ça que je souhaite aborder ici. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt qu’on ne reconnaît pas comme délirante une même croyance à toutes les époques et/ou dans toutes les cultures. Mettons que vous parliez aux arbres ou aux animaux. Vous les comprenez. Vous pouvez lire leurs réactions comme un livre ouvert. Vous pouvez vraiment communiquer avec eux. Comme Dr Dolittle quoi. Et qu’arrive-t-il au Dr Dolittle quand il explique qu’il parle aux animaux et que ceux-ci lui répondent ? On l’envoie en HP, direct. Et si vous faîtes la même demain, vous connaitrez sans doute le même sort (mais en moins drôle parce que la vie n’est pas un film). Sauf que… dans d’autres cultures, ou dans d’autres époques, on peut trouver des gens dont c’est la fonction de parler aux animaux et aux arbres. Non seulement c’est normal, mais c’est parfois valorisé. Et on considère que vous pouvez vraiment parler aux animaux. Alors qu’en 2021, en France, vous serez étiqueté délirant·es et on considérera que vous ne possédez pas cette compétence parce que ce n’est pas possible. La différence, c’est que dans une culture, il est communément admis qu’il est possible de parler aux plantes et aux animaux, c’est une compétence que certains ont, d’autres non, alors que dans la nôtre, ce n’est pas possible. À partir de là, toute personne se prétendant capable d’une telle chose est donc délirante.

Sauf que… qu’est-ce qui a changé ? Est-ce qu’on a pu prouvé qu’il définitivement impossible de parler aux plantes et aux animaux ? Ou est-ce qu’on est collectivement en train de se tromper ?

“If you believe her reality is twisted, then you must admit that yours might be too” Hellblade : Senua’s sacrifice

[traduction : “Si tu crois que sa réalité est tordue, alors tu dois admettre que la tienne peut l’être aussi”]

Non seulement les délires sont ancrés dans un contexte, mais en plus, ce contexte fait que vous ne serez pas toujours reconnu comme délirant, même en présentant des similitudes.

D’autant que… qualifier quelqu’un de délirant pour le décridibiliser, c’est quelque chose qui se fait régulièrement. Considérer que quelqu’un se simule ou s’invente une vie parce qu’on ne veut pas entendre, c’est fréquent aussi. Par exemple, dans ce thread, on vous explique qu’aux USA, les noirs ont 2,4 fois plus de chance d’être diagnostiqués psychotique que les blancs. On peut faire l’hypothèse que les personnes noires sont plus soumises à des facteurs déclencheurs comme la pauvreté, la discrimination, plus de trauma, de stress et tous les éléments qu’implique l’exposition au racisme systémique. Mais ça ne suffit pas à expliquer un tel écart. Il y a un biais raciste dans la diagnostication qui peut s’expliquer par la confusion une paranoïa culturelle et saine, et une paranoïa pathologique. Dans un monde raciste, les personnes noires doivent effectivement développer des réflexes de méfiance et de suspicion, notamment lors d’interaction avec des personnes blanches, pour survivre. C’est un besoin qui répond à une nécessité objective et observable. Mais ce réflexe de survie peut être confondu avec une paranoïa pathologique (qui n’est donc pas un mécanisme de défense répondant à un danger objectif et observable). Résultat : des personnes mal diagnostiquées, et considérées comme délirantes alors que non.

Socialement, les limites du délire, elles sont dépendantes : de notre contexte, de notre culture, de notre position sociale.

C’est donc déjà un chouïa le bordel.

Un tigre qui parle, visiblement agacé, déclarant “on commençait juste à faire des progrès”

Mais alors un délire c’est quoi ?

Bah oui Dand voyons u_u faut revenir au sujet…

So, de l’intérieur, qu’est-ce qu’un délire ? Faut savoir qu’il y a plein de types de délire, délire qu’on peut même ranger par grandes familles. On va tenter d’en faire une liste, non exhaustive, parce que j’ai la mémoire qui saute, mais ça donne un ordre d’idée :

> les délires liés à l’identité : croire qu’on est Jésus, un chien, un lampadaire, de la poussière, etc You name it.
> les délires liés au corps : dysmorphophobie, sensation de pourriture, d’être déjà mort, hypocondrie, qu’on a remplacé un de vos membre par un autre, etc
> les délires de persécution / complot : sensation qu’on vous suit, qu’on vous espionne, qu’on cherche à vous tuer, à vous faire du mal, etc
> les délires de grandeur : croire qu’on est Dieu, qu’on a créé le monde, qu’on doit le sauver, qu’on peut recoder la matrice, etc
> les délires de fin du monde : apocalypse approchante, dont on est responsable, qu’on doit combattre, ou mettre en pratique, etc
> les délires liés à la pensée : pouvoir contrôler les autres, que les autres puissent lire nos pensées, changer nos souvenirs, etc

Et puis un tas d’autres, comme ceux où on est persuadé que telle personne (avec qui on a parfois eu zéro interaction) nous aime éperduement, où celui où on est persuadé que toutes les personnes qu’on connaît ont été remplacées par des clones / imposteurs, et j’en passe et des meilleures. Des trucs parfois très précis, très rocambolesque (oserais-je dire… pas raisonnable ? /troll), et des choses parfois très simples. Encore une fois, je n’ai donc pas la prétention de les avoir tous lister. Et bien sûr, une même personne peut traverser différents délires, à différentes périodes ou en même temps, et ces délires peuvent se mélangeant l’un l’autre. Genre vous pouvez être un être qui n’existe pas tellement pourri jusqu’à la moelle qu’il en a déclenché l’apocalypse. Mais bon je dis ça complètement au hasard (non). L’été dernier j’ai même expérimenté une période où des délires se déclenchaient pour me protéger d’autres délires beaucoup trop trash, qui se déclenchaient eux-mêmes pour me protéger d’une réalité ingérable. That was fun (non).

Concrètement, comment ça se présente ?
C’est compliqué à dire, puisque par définition, au début on ne s’en rend pas compte. C’est le principe. Des informations se présentent à nous, le cerveau les traite comme toutes les autres, sans relever qu’elles ne sont pas vraisemblables / réelles. Par exemple, il y a deux ans, j’avais de très fortes douleurs au niveau de l’utérus. Au moment des règles, à chaque pas, j’avais l’impression de me filer un énorme coup de pieds dans l’utérus. Not fun. Mais la gynéco n’a rien vu et m’a laissé repartir avec du doliprane. Les douleurs se précisent et donnent l’impression de boules. J’en conclus donc qu’il y a des pierres dans mon corps. Des tas de cailloux. Ça semble correspondre. Le problème c’est que l’étape suivante, ça a failli être : je prends le couteau de cuisine et je m’arrache l’utérus et fin du problème. On a donc bien un cheminement qui va comme suit : douleur réelle MAIS sans explication, il faut une explication, le délire en trouve une, à défaut d’autre chose, le délire est accepté comme La Vérité. J’ai de la chance parce que je suis délirant depuis 15 ans, alors à un moment, je suis capable de me forcer à me rappeler que c’est pas comme ça que ça marche, et que peut-être un autre avis médical serait bon. Je me force à aller au bout de la logique pour me rappeler qu’une amputation de l’utérus, si elle vire les cailloux (ce qui n’est pas garanti), pose d’autres problèmes, genre, une motherfucking hémorragie dans ta salle de bain, avec risque d’infections non négligeable (sérieux t’as coupé quoi dernièrement avec ce couteau ? d’autant qu’on va pas se mentir avec la dépression la vaisselle c’est pas ça non plus). Mais ça n’a pas toujours été le cas. Il fût un tas où j’ai effectivement tenté d’arracher des bouts, parce que je n’avais pas conscience que ma façon d’interpréter tout ça n’était pas la bonne. C’était la seule que j’avais.

Un délire, comme je disais au début, ça va aussi se voir confirmer par différentes choses. Des hallucinations par exemple. Pour répondre à la question d’Artémis, les hallucinations, ça peut, ou non, faire partie d’un délire. Le léopard blanc que je vois à l’occasion ne fait partie d’aucun délire. Il a une autre fonction. Tout comme le sang que je voyais couler du plafond quand je donnais cours. En revanche, les cailloux dans mon corps participaient à un délire plus vaste où mon corps est en décomposition. Après tout si mon corps pourrit, on peut bien y trouver des cailloux non ? C’est pour ça, cher Artémis, qu’on ne peut te répondre par oui ou par non, parce que ça dépend. Et comme tu peux le voir, chez une seule et même personne, ça peut être oui et non.

Personne non fol regardant un papillon (nommé délire) : est-ce une simple pensée que je peux choisir de ne pas croire ?

Pour d’autres délires, c’est un système de preuves qui va venir nous conforter dans notre croyance. Par exemple, je n’existe pas. Je suis une histoire que les gens se racontent, et quand on aura fini de me raconter, je disparaitrai pour de bon. Quand je suis dans un groupe et que j’essaie de parler et que je prends un vent, c’est une preuve : on ne me répond pas parce que je n’existe pas. Quand sur un Discord je dis quelque chose et que je prends un nouveau à vent, même chose. Manterrupting / mansplenning ? Preuve preuve preuve. Personne qui a vu mon message sur Messenger mais ne répond pas pendant des jours ? Mes DRs qui me posent un lapin au RDV qu’iels ont fixé ? PREUVE SUPRÊME Ces différents éléments vont venir conforter cette idée. Le plus beau, c’est que non seulement ça vient me prouver que j’existe pas, mais mon cerveau est aussi capable d’interpréter ça comme un complot ou tout le monde cherche à me rendre fou (c’est une énergie dépensée pour rien les gens : j’y arrive très bien tout seul), pour le plaisir de voir quand est-ce que je vais péter les plombs (et on m’enlèvera pas de l’idée que c’est exactement ce que fait le gouvernement d’ailleurs au passage). Les délires étant ma façon de lire le monde, je me retrouve avec ces deux grilles de lecture au choix (alors, aujourd’hui tu veux la peste ou le choléra ? nan aujourd’hui jpréfère pandémie et apocalypse \o/). Et ça me demande une énergie ÉNORME de faire appel à une grille de lecture non délirante.

Et ça c’est un élément important qui échappe souvent aux non-fols : ce n’est pas un choix. Un jour je prendrai le temps de vous traduire mon analogie de l’aquarium… en attendant, on va se contenter de la gravité : la gravité c’est la façon qu’a ton corps de lire le monde. Une loi à laquelle il doit se plier. Tu ne peux pas voler et si tu tombes, bah tu tombes et c’est tout. Ce n’est pas quelque chose dont ton corps a conscience. Tu évolues avec, la plupart du temps sans en faire grand cas. Bien sûr, comme on est une espèce imaginative, on a inventé des trucs pour voler, léviter, annuler la gravité. Mais ça demande des efforts, des moyens. Et c’est pas donné à tout le monde.

Bah les délires, c’est pareil. On évolue dedans, la plupart du temps, sans en avoir conscience. Ça demande des efforts et du temps de repérer la mécanique. Et même si comme moi on est “stable” (vous savez que j’aime pas ce terme), et qu’on peut avoir des reculs sur les délires qui nous meuvent, il n’en demeure pas moins qu’on doit faire des efforts constants pour les repérer et fonctionner avec.

Vue d’une foule, mais la mise au point fait que toutes les personnes sont comme dédoublées, on voit la trace des mouvements
Photo by Goashape on Unsplash

Et les voix ? et les alters ?

Procédons par étape shall we… (faut juste qu’on décide de l’ordre des étapes)(tu ne m’aides pas en me coupant la parole d’ailleurs)

Vous vous rappelez quand j’ai parlé de la dimension sociale du délire ? Et bien dans ce cadre, elle va nous être extrêmement utile. Nous sommes en France, en 2021. Ici et maintenant, un individu sain est un individu avec une conscience unique et indivisible (comme ma république !)(…). À partir de là, toute personne qui ne rentre pas dans cette optique est considérée comme malade, voire délirante. Et ça concerne notamment, totalement aux hasards… les entendeureuses de voix… les systèmes avec alters…

Mais de la même façon que quelqu’un parlant avec les arbres est aujourd’hui considéré comme délirant alors qu’avant et ailleurs il était pris au sérieux, on peut supposer (et même qu’on va le faire), qu’il existe une réalité où les voix et les alters ne sont pas considérés comme pathologique.

On est beaucoup d’entendeureuses de voix à ne pas considérer nos voix comme des hallucinations. Elles font partie de la réalité. Elles ont un statut différent. Dans ma tête il y a les voix, et puis il y a des hallucinations. C’est pas tant une question de récurrence, que de rapport qu’on peut entretenir avec. Il y a une proximité entre mes voix et moi. Je suis elles et elles sont moi. On est ensemble. Elles ont besoin que je survive. Alors que le reste des hallus s’en tapent un peu dans le fond, elles font leur vie, il se trouve juste que je traverse la vie en question. Les voix, c’est différent. On ne va pas les unes sans les autres. Elles sont un morceau à part entière de moi. Un peu comme mon estomac quoi (c’est le même taux d’acidité, corrélation parfaite). Que je sache, il n’est pas délirant d’avoir un estomac. Mes voix sont un organe de mon identité, de ma pensée. C’est pareil. C’est pas délirant.

Du côté des systèmes (j’ai très la flemme de refaire toute l’explication, alors si tu as besoin d’un petit cours de rattrapage sur le TDI et son vocabulaire, tu peux visiter le blog de Partielles), il y a quelque chose de similaire, mais en poussé encore plus loin. Les alters sont des personnes à part entière. Chaque alter possède un nom un âge un genre une biographie une espèce etc. Comme une vraie personne. Il s’agit donc de plusieurs vraies personnes à part entière habitant le même corps, et formant donc un système. Je vois mal comment on pourrait conclure que “être une personne à part entière” est un délire.

Il y a donc un fossé (plein de ronces en plus le fossé) entre ce que la société estime délirant, et ce que sont nos vies, nos identités.

Ce qui me permet d’arriver à mon dernier point : finalement, est-ce que c’est si important de savoir ce qu’est un délire ou pas ?

une personne assise en haut d’une falaise, regardant la mer et les rochers en contrebas
Photo by Aleks Dahlberg on Unsplash

De l’ordre des priorités

Faut-il ou non être capable d’appeler un chat un chat quand on est délirant·e ? Je n’en suis pas sûr.

Régulièrement, je reçois des demandes via DM “est-ce que ça c’est du délire ?”. Et si je comprends l’inquiétude, ça ne me semble pas être le plus inquiétant dans l’immédiat. Pour plusieurs raisons.

Déjà, on ne délire pas pour rien. Un délire, ça a une fonction. J’en parlais notamment dans ce thread. Un délire, ça sert à protéger d’une réalité insupportable et/ou non formulable. Ça sert aussi à donner du sens. Quand Macron annonce un confinement et que je délire sur la fin du monde, c’est une façon qu’a mon cerveau de me cacher le fait qu’on va plus avoir de travail mais en fait si et on a pas de vaccin et on va sauver l’économie mais pas les gens puis on va envoyer les militaires pour s’assurer que les gens ont leur attestation parce que c’est signer notre carnet de correspondance qui va sauver la France du COVID. Je vous jure, la fin du monde, c’était bien plus facile à comprendre et ça avait plus de sens. Ça sert aussi à dire un danger. Vous vous rappelez les cailloux dans mon ventre ? Bah vous savez quoi ? J’ai fini par trouver une médecin qui s’est inquiétée et a demandé des examens complémentaires. Turns out j’avais un kyste aux ovaires qui faisait déjà 2cm. J’avais bien des cailloux dans le corps. (fun fact : il y avait des moyens un peu moins bourrin que le couteau de cuisine) Mais si je m’étais pas mis à délirer (même dangereusement), je serais jamais retourné voir une médecin pour ça.

Le délire, ça remplit plein de fonctions que je vais pas m’amuser à lister. Et vouloir le réduire à néant sans se poser de question n’est jamais ô grand jamais une solution. Si vous délirez, c’est pas pour rien. Votre cerveau cherche à vous protéger et/ou à vous dire quelque chose…

En revanche, il est vrai que tous les coping mechanisms ne se valent pas. Et certains sont dangereux (couteau de cuisine, tout ça tout ça). Et c’est ça la vraie question à se poser : vos délires, ou ce que vous supposez en être, vous mettent-ils en danger ? On s’en fiche que la Grande Psychiatrie vous colle un bon point DSM, c’est pas l’important. L’important c’est : ce délire vous fait-il souffrir ? vous met-il en danger ? Si la réponse est oui, alors il faut s’inquiéter. Si la réponse est non, alors où est le problème ? Délirer ce n’est pas être condamné. C’est dur, et ça demande une sacrée pratique. On ne peut pas se mentir à soi-même quand on est délirant, on a pas cette option. Il faut apprendre à repérer et connaître ses mécanismes. Comprendre pourquoi et comment le délire se met en place. De quoi cherche-t-il à vous protéger ? Qu’est-ce que ça explique ? Des triggers ? À quel moment vous ne pouvez plus vous contrôler ? Est-ce qu’il y a des choses qui empirent le tout ?

Un délire, ça ne s’occulte pas, ça s’explore. De préférence pas tout seul, parce que quand même ça fait peur… n’hésitez pas à entrer en contact avec des pairs, on est passé par là, on connaît la chanson. Et si vous trouvez quelqu’un dans la même famille de délire que vous, c’est magique… (le sentiment de soulagement quand un pote m’a dit “j’ai réussi à sortir de l’éternité, tu vas y arriver”, vous imaginez pas) C’est du travail, c’est dur et douloureux, mais ça s’apprend… et on trouve parfois des richesses insoupçonnés au coeur de la folie. Et je vous parle pas de celle qu’on trouve dans l’inspiration porn, je vous parle de la clé qui donne sens au monde et vous permet de mieux vous comprendre.

un tas de clés de porte…
Photo by Samantha Lam on Unsplash

C’était (affreusement) long (et non exhaustif en plus !), mais j’espère que cet article aura apporté des réponses à vos questions !

Prenez soin de vous, be safe.

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Dandelion
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Written by Dandelion

Non-binary French writer, theatre PhD student, metalhead and rain lover. Here, I write about living with schizophrenia. I'm owned by a cat.

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