Le pire avec la folie…

Dandelion
14 min readJan 22, 2022

--

… c’est les non fols qui pensent pouvoir dire ce qui est le pire quand on fol.

Parmi toutes les phrases toutes faites et idées reçues qu’on entend souvent, il y en a une qui m’a pas mal interpelé ces derniers temps : “le pire quand on est schizo, c’est de pas se rendre compte qu’on est malade.” Et tout est un tas de variante plus ou moins du même tonneau. Qui mènent à tout un tas d’autres phrases toutes faites et idées reçues qu’on entend souvent… et qui sont carrément dangereuses. Comme j’y ai encore eu le droit récemment, et ce dans ma série préférée, j’ai commencé à réfléchir.

Est-ce que c’est vraiment le pire ?
Il y a eu des moments où effectivement, je ne me rendais pas compte d’à quel point j’étais parti, délirant as fuck. Et plein d’autres ou oui. Du coup, y avait moyen de faire une comparaison. Et de creuser un peu tout ça. Parce qu’en vrai, il me semble que c’est quand même un chouïa plus compliqué que ça. (et quand je dis un chouïa : je veux dire que c’est énormément plus complexe que ça et qu’on va devoir tout déplier et on est pas sorti de l’auberge, alors fais toi une boisson chaude et installe toi bien.)

Capture d’écran. un chambre, un lit avec deux tables de chevet, une lampe allumée sur chacune. Le tout baigne dans une fumée verdatre iréelle. Une jeune femme en salopette est affolée sur le lit, visiblement fière d’elle. Un homme se penche sur elle par derrière en s’accrochant au deux montants du lit, cherchant à croiser son regard.
“There, after years of practice, I did it. I’ve lost my mind.” Legion, S1E4

La folie et la raison

Finalement, “le pire dans la schizophrénie c’est de pas se rendre compte qu’on est malade” va main dans la main avec le classique “tu peux pas te rendre compte que t’es schizo et si tu t’en rends compte tu l’es pas vraiment”, ce qui est quand même bien drôle parce que les deux ne sont pas compatibles. (oui j’ai passé la semaine à pleurer, mon sens de l’humour est douteux, leave me alone) I mean, il faut se décider : la première affirmation semble dire que je peux être conscient d’être schizo, même que ça serait mieux, alors que la deuxième pose une impossibilité de fait.

Le plus drôle (mais si jte jure c’est drôle, c’est de l’humour de lassitude épuisée), c’est que les mêmes personnes disent les deux. Parfois dans un souffle. Sans piger l’incohérence de leur propose.

Comment font-iels ça ?
Et bien en fait c’est très simple : iels ne savent pas ce qu’est la folie, ni comment fonctionne un délire, mais sont persuadé·es que puisqu’iels ne sont pas fols, iels savent. (un jour on parlera de cette autre paire incompatible “on ne peut pas expliquer la folie” / “non t’es pas fol la folie c’est pas ça d’abord è_é” mais c’est pas le sujet et là j’ai la flemme) Sauf que, spoiler alert : iels savent que dalle. Les non fols ne comprennent pas l’impact de la folie, son rôle, ni ce qu’est un délire. Du coup fatalement, ça dit des bêtises avec autant de grâce que mon chat qui a raté son saut sur le bord de la baignoire et capte un peu trop tard que ses griffes ne peuvent pas se planter dans la faïence.

Tout ça par d’une incompréhension fondamentale : les non fols sont persuadé·es que la folie s’oppose à la raison. (j’en parlais ici si tu veux plus de détails) Du coup fatalement, pour elleux, tout ce qui est de l’ordre de la raison nous échappe. Alors que… trop pas. (on a vlà les arguments de qualité aujourd’hui) Y a déjà au moins quatre liens dans ce début d’article pour expliquer que non en fait, c’est absolument pas l’idée. Mais si on veut reprendre leur logique au ralentis : ce qui est de l’ordre de la raison nous échappe. Qu’est-ce qui est de l’ordre de la raison ? La science. Et quelle est la science de la raison ? La psychiatrie. (which is a highly delusional belief but that’s a story for another day) Et que fait la psychiatrie ? Des diagnostics ! (et aussi et surtout du contrôle social des abus de la contention de la coercition du chantage etc) Pouvoir dire que “X est schizo”, c’est faire preuve de raison, parce qu’en théorie, c’est être capable de repérer des éléments “objectifs”, et d’en tirer des conclusions selon un livre trèèèèès compliqué aka le DSM™ (je ne suis pas sûr d’avoir mis assez de balise pour que le sarcasme soit repérable… dans le doute : that was sarcasm. Les diagnostics sont une connerie non scientifique basée sur de la pure subjectivité. Du coup je trouve très ironique que pour prouver notre raison on nous oppose un truc basé sur… whatever that is, c’est pas de la raison.).

Ainsi donc, si on est vraiment schizo™, on ne peut pas être capable de repérer ces signes objectifs, et encore moins de les process pour en tirer un discours de raison.

Raison pour laquelle nombre de fols sont obligé·es de surjouer la folie pour être cru·es par les soignant·es qui ne nous croient pas fol si on est capable de leur expliquer pourquoi on est fol. (ça va vous suivez ?)

Amy : What does your doctor say ?
David : If I tell them I’m sane they think I’m crazy. And if I say “you know what ? you’re right, I am crazy”, they up my dosage so…
Legion S1E1

Face tu perds, pile iels gagnent. Mais choisis bien surtout (qu’iels puissent savoir de quoi t’accuser après coup)…

On a donc un premier problème à cet endroit-là : on n’est pas censé pouvoir se rendre compte qu’on est fol parce que ça serait faire preuve de raison, or folie et raison sont incompatibles dans l’esprit des non fols. Sauf que… dans les faits : non. Et ça nous amène au second problème…

La loi de la gravité

meme : un homme “non psychotique” devant un papillon légendé “délire” et qui se demande “est-ce une simple pensée que je peux choisir de ne pas croire ?”
Vous le dîtes si vous en avez marre de voir ce meme à chaque article.

Le second problème, c’est que les non fols n’arrivent définitivement pas à comprendre ce qu’est un délire. Les non fols sont persuadé·e que nous pouvons contrôler nos délires. D’ailleurs, à cet endroit, on peut faire un lien avec le validisme : dans le validisme, il y a une part morale. À l’ère où on a toutes ces infos, les médocs, les vaccins (mais si vous savez…), finalement, pour tomber malade / être handicapé, faut vraiment le vouloir non ? Ça démontre forcément une faiblesse morale. Ou que quelque part on l’aurait mérité.

Non. C’est pas trop comme ça que ça marche en fait la vie. Niveau santé, des fois tu peux tout bien faire, et quand même ça marche pas. Tout est une question de statistiques, et certaines choses échappe toujours au contrôle. On ne reste pas en bonne santé grâce à son grocervo supercosmique, mais parce qu’on a pu accumuler pas mal de facteurs chances (et parfois suffit que tu tires UNE carte malchance pour que tout s’écroule)

La vision qu’ont les non fols du délire est un peu basé là dessus finalement. Si tu as conscience que tu délires, alors il suffit de te dire “fiou, ceci n’est point réel, cela n’a donc nul impact sur mon existence, aller, fi ! monstre gluant, je n’ai point peur de toi” et voilà, fin de l’histoire. Finalement, si on continue de s’accrocher à nos délires, c’est bien qu’on le veut. En tout cas, clairement, à notre place, c’est bien ce qu’iels feraient. Inutile de leur rappeler cette fois où iels ont fait un cauchemar tellement violent qu’iels se sont réveillés en tremblant, incapable de se débarrasser de cette sensation désagréable dans le corps. Pas la peine de parler des anesthésie dont on se réveille en hurlant de terreur pour des raisons X ou Y. “c’est pas pareil”. Un jour iels m’expliqueront pourquoi et la science avancera. En attendant, je vais continuer de m’entraîner pour les JOs du roulage d’yeux au ciel.

Parce que dans la vraie vie des fols, un délire c’est plus proche de la gravité que de cette envie d’étrangler les non fols qui me passent parfois et que je peux balayer d’un revers de main.

Mais si la gravité, vous connaissez… Cette force qui fait que quoi que vous fassiez, vous finissez toujours par vous retrouver collé·e au sol. Alors bien sûr, la gravité, on peut la combattre. On peut apprendre à tomber, pour se faire moins mal quand ça arrive. On peut apprendre à marcher, pour limiter les chances de tomber. Mais quand on tombe, on tombe. Il va pas te pousser des ailes pour empêcher ça. Bien sûr, il existe des outils pour lutter contre la gravité, mais ce sont toujours des mesures ponctuelles, et généralement coûteuses en temps, en énergie, en argent.

Un délire, c’est exactement pareil. On apprend à vivre avec. On peut apprendre à limiter les dégâts quand ça arrive, on peut apprendre à repérer les triggers et ainsi limiter les chances qu’il arrive. Mais quoi qu’il arrive, quand on tombe, on tombe.

Et point final.

Un gouffre circulaire dont on distingue à peine les parois. Au premier plan, des jambes se balancent dans le vide, prises en photo par leur possesseur
Photo by Tom Sodoge on Unsplash

Savoir ou ne pas savoir ?

Maintenant qu’on a posé ses bases, on va pouvoir commencer à réfléchir au problème de base (oui oui j’y viens j’y viens, j’avais dit que c’était compliqué hein).

Alors finalement, quel est le pire, puisque c’est ça la question qu’on pose initialement : avoir conscience qu’on délire ou ne pas en avoir conscience ?

Pour répondre à ça, faudrait déjà pouvoir définir ce qu’est “le pire”… (oui oui, on est reparti pour un (dé)tour… ça va vous avez pas fini votre boisson chaude encore ?)

Et c’est là que ça commence à coincer. (oui bon d’accord, vue la longueur de cet article, je concède que c’est une façon de parler et que c’est pas du tout là que ça commence, c’était une façon de parler) Parce qu’à nouveau, il y a une différence énorme entre ce que les non fols et les fols considèrent comme le pire.

J’ai vécu les deux. Des moments où j’avais pas conscience d’être complètement perché, et des moments où j’en avais pleinement conscience. Et franchement… je crois avoir plus souffert quand j’en avais conscience que quand j’en avais pas conscience.

Pourquoi ça serait pire de pas en avoir conscience ?
Peut-être parce qu’on se met plus en danger… mais… est-ce qu’on se met vraiment plus en danger ? Non parce que, autant quand j’avais pas conscience de délirer, je me suis fait du mal en étant persuadé que c’était la solution, autant que j’en avais conscience… je me suis fait du mal parce que je trouvais pas d’autres sorties pour autant. Au point que parfois, la seule façon possible de mettre fin à la boucle délirante, c’était littéralement de me faire du mal, pour que ça arrête enfin.

Laisser tomber.
Laisser la gravité gagner.
Et passer à autre chose.

Certes, j’allais sans doute bien plus loin quand j’en avais pas conscience. C’est pas pour rien que j’ai failli en mourir à l’époque. Pourtant, la souffrance que c’est de se voir partir, et ne rien pouvoir y faire, ça déchire l’âme. Cette espèce de dissonance cognitive puissance XXL, est-ce qu’on s’en remet jamais vraiment ? “Je SAIS que mes entrailles ne sont pas en train de pourrir… pourtant je sens l’odeur de la pourriture, si j’arrête de me concentrer sur mes contours je vais me déverser en ordure sur le monde, si on me touche les gens vont pourrir aussi, je pourris tout ce qui m’entoure. Je SAIS que c’est pas vrai mais quand même… avaler de la javel est-ce que c’est si terrible ?” Et tourner comme ça des heures, des jours, des semaines entières… Savoir que ce qui te déchire de l’intérieur est un délire… et que donc il n’y a pas de solution. C’est un supplice, une torture. La folie, c’est devoir accepter qu’il n’y A PAS de solution, et vivre avec quand même. Au moins quand j’étais complètement fracassé de la tête, je croyais encore qu’il y avait une issue possible.

Finalement, la question c’est peut-être : qu’est-ce qui est le pire ? se mettre plus en danger, ou perdre l’espérance qu’il y a une issue ?

Non parce que c’est pas que ça a finir par me rendre suicidaire mais en fait si, complètement.
Quand j’étais full délirant sans le savoir, j’avais pas envie de mourir. Toute façon je pouvais pas, j’existais pas. Donc j’étais pas vivant. Donc je pouvais pas mourir. CQFD. Inutile donc de faire des tentatives en ce sens.
Maintenant ? J’existe toujours pas, mais sans doute que si quand même dans les faits. Du coup si la vie devient insupportable, des choses se tentent.
Mais je peux pas mourir
mais je peux plus vivre
mais mourir n’est pas possible
mais vivre est invivable

SOMEBODY PUT ME OUT OF MY GODDAMN MISERY

Imagine des spaghettis, des spaghettis qu’on aurait peint de plein de couleurs différentes. On place alors ses spaghettis de façon à reproduire une spirale en 3D. Imagine pouvoir faire courir tes doigts le long des picots pour sentir la spirale en question, son dessin général, ainsi que ses irrégularités
Photo by Mitul Grover on Unsplash

Est-ce que j’ai vraiment gagné au change ? Au lieu de mourir par accident à force de m’abîmer, un jour potentiellement je le ferai exprès.

Youhou.
Est-ce que c’était si pire ? Franchement, c’est pas si facile à dire.

D’autant plus que si vous avez bien suivi ce qu’était un délire (ou relu l’article précédemment linké), vous savez qu’un délire ne sort pas de nulle part, et qu’une de ses fonctions principales est de protéger de la réalité devenue insupportable.

Ce qui nous pousse à nous poser une nouvelle question (alala tant de questions ! c’est ça la science en vrai, tu poses une question, t’obtiens une réponse et trois questions bonus…) : un délire peut-il toujours nous protéger une fois qu’on a conscience qu’il est là ?

Et bah… beaucoup moins. Forcément hein, puisqu’il avait pour but de cacher quelque chose. Si vous savez que vous délirez, vous savez qu’il y a quelque chose. Quelque chose auquel il va falloir faire face. Et ça… ça fait mal. Très mal. Bien pour ça que vous délirez to begin with. Pour avoir moins mal. Après, j’ai l’impression que c’est une chose sur laquelle il faut faire confiance à la folie : elle ne nous lâche pas comme le fait la batterie de ton portable pile au moment où faut ABSOLUMENT que t’appelles quelqu’un sinon t’en as pour 10km à pieds pour rentrer. Elle le fait quand on peut faire face. Ça veut pas dire que ça se fera facilement et sans douleur. Juste qu’on est à présent en mesure d’y survivre.

Mais quand même…. PUTAIN DE BORDEL DE CHIÉ DE MERDE, ce que ça peut faire mal. Au point que parfois… parfois vraiment je préfèrerais ne pas savoir, ne pas avoir conscience. Juste retourner me rouler dans le délire et oublier que c’est du délire.

Me laisser tomber.

Un homme terrifié, au bord des larmes
Capture d’écran, Legion S1E3

Sans compter la solitude… ce moment où tu réalises que jamais ô grand jamais tu ne pourras vraiment partager ce que tu vis. Que les gens ne peuvent pas voir entendre (re)sentir ce que tu vois entends (re)sens. Que quelque chose échappera toujours à la langue, aux mots, à l’expérience commune, et que par conséquent, il te faudra vivre avec une solitude irréductible.

Franchement, ça, c’est bien pire. Là encore, si j’avais pas conscience avec certitude que ce gap est impossible à remplir pour de bon, je souffrirais bien moins.

Seulement voilà. C’est comme ça.
Ça aussi, il faut laisser la gravité l’avaler.

L’enfer c’est les autres

Enfin surtout les non fols quand même…

On en arrive au problème final, un problème essentiel et complètement indépendant de la folie en elle-même : le pire, c’est le traitement qu’on subit une fois qu’on est catalogué fol.

Et si finalement, déclarer que “le pire c’est de pas se rendre compte qu’on l’est”, c’était jamais qu’une énième façon de justifier ce qu’on nous fait subir ? (c’est très la question rhétorique)

Face, tu perds.
Parce qu’on peut pas savoir ce qui est bon pour nous, vu qu’on se rend pas compte de ce qu’on vit. C’est logique non ?
Pile, iels gagnent.
Puisque tu n’es pas vraiment dans cette réalité, il faut t’y ramener de force, alors on peut bien se permettre les violences non ? Faut ce qu’il faut vu qu’on s’en rend pas compte toute façon.

On peut nous priver de nos droits puisque de toute façon on se rend pas compte.
On peut décider pour nous puisque de toute façon on se rend pas compte.

Tout
est
permis
toute façon ons’enrendpascompte

Puis bon, tout le monde sait que le pire c’est de pas se rendre compte qu’on est malade. C’EST ÇA LE PIRE. Pas les maltraitances. Le fait qu’on se rend pas compte. Ancrez vous bien ça dans la tête hein, le pire c’est de pas se rendre compte.

Et tant qu’on considère que c’est ça le pire, non seulement on justifie les mauvais traitements qu’on subit, mais en plus, on continue de ne pas interroger les causes de la violence (celle qu’on subit, celle qu’on se fait subir, et celle qu’on fait parfois subir aux autres). On continue de ne pas se demander POURQUOI la folie.

Face, tu perds.
Si tu ne sais pas que tu es fol, tu ne peux pas apprendre à ne pas te faire trop mal en tombant, tu ne peux pas te protéger contre la psychophobie du monde, tu es exposé à la violence (y compris de la psychiatrie) sans savoir comment t’en défendre.
Pile, iels gagnent.
Si tu sais que tu es fol, alors on te prendra pas au sérieux (parce que les fols le savent pas), et dans un monde régi par la psychiatrie, tu seras donc privé d’aménagement. Si tu le sais alors les institutions le savent sans doute aussi, tu auras donc un moins bon accès aux soins, à l’éducation, et au reste.

une pièce de 5centimes qui tient miraculeusement sur la tranche
Photo by Saikat Das on Unsplash

Alors voilà, je ne pense pas qu’on puisse être aussi affirmatif. Peut-être qu’il y a des fols pour qui c’est le pire, sans doute même, puisqu’il faut toujours partir du principe qu’il y a de tout dans le monde. D’un côté, jusque là, toustes les fols avec qui j’en ai discuté s’accordent à dire que non, ne pas en avoir conscience, c’est pas le pire. Parce que les violences qu’on subit parce que fols, parce que la fragilité que ça impose d’en avoir conscience.

De l’autre côté, j’ai beaucoup l’impression que c’est quelque chose qu’on plaque encore sur les fols. Et notamment les délirants tellement partie loin que par définition, on ne pourra jamais avoir leur avis sur le sujet. Parce que justement, de fait, la question ne se posent pas pour elleux. Alors même pour elleux, cette question n’a pas de sens… sauf si on considère la privation de droits, la précarisation et toutes les conséquences possibles de ces deux choses là sont effectivement le pire qui puissent arriver à une personne folle. Là on serait d’accord.

Mais c’est pas ça que les gens nous disent quand iels viennent nous déclarer “le pire c’est de pas se rendre compte qu’on est malade”. Parce que ça, iels le voient pas (voire : ne veut pas le voir). Cette déclaration, c’est une essentialisation de ce que serait la folie selon elleux. C’est un aveu de la psychophobie la plus basique : les fols ne peuvent pas être heureuxses (qu’on ait conscience de l’être ou pas d’ailleurs).

Spoiler alert : si on peut. Mais force est de constater que ça serait vachement plus facile sans la violence des non fols.

Je voulais juste trouver une issue
J’ai parfois des souhaits saugrenus

Dans mon coffre je t’ai attendu
Avec une robe, des etoiles, et des ciseaux pointus

Donne-moi
Donne-moi une heure, pour detruire ton coeur
Donne-moi une heure, pour user tes heures

--

--

Dandelion
Dandelion

Written by Dandelion

Non-binary French writer, theatre PhD student, metalhead and rain lover. Here, I write about living with schizophrenia. I'm owned by a cat.

No responses yet